Hier, j’ai assisté à mon tout premier groupe de parole organisé par UTSOPI, une association bruxelloise qui défend les droits et la parole des travailleuses du sexe.
UTSOPI : immersion dans un groupe de parole TDS à Bruxelles
Je me suis rendue à Listen To You, organisé par l’association UTSOPI, un groupe de parole réservé aux travailleur·ses du sexe — putes, domin·as, sugar babies, escortes, cam girls…
J’y étais en tant que Domina, légitime dans cet espace, mais encore extérieure à ses habitudes et à son langage.
Je n’étais pas là pour intervenir, mais pour écouter, observer, ressentir.
Et ce que j’ai perçu ce soir-là m’a déplacée — doucement, mais clairement.
C’était la première fois que j’assistais à un groupe de parole de TDS — travailleureuses du sexe.
Je suis tombée sur l’annonce un peu par hasard, en épluchant les petites annonces. Un nom m’a interpellée : UTSOPI, une association qui défend l’intégrité, les droits et l’espace de parole des personnes concernées.
J’y suis allée sans vraiment savoir à quoi m’attendre.
Daphnée m’a ouvert la porte avec un sourire, et très vite, je me suis retrouvée entourée de visages accueillants, bienveillants… et majoritairement queer.
Et là, je dois l’admettre : j’ai été un peu déstabilisée.
Ni les cercles TDS, ni les milieux queer ne font partie de mon quotidien.
Je me suis donc glissée dans la salle avec une posture d’écoute, tendant l’oreille, attrapant au vol les sujets, les rires, les confidences. C’était un monde que je ne connaissais pas, mais qui me tendait la main sans jugement.
Découvrir les vécus des travailleur·ses du sexe : au-delà des étiquettes
J’ai observé, écouté.
Les mots sur la fatigue, les clients, les lieux de travail. Les mots qu’on dit et ceux qu’on tait.
J’ai vu les corps tendus, les regards francs, la lucidité, la précarité.
On n’a pas parlé d’argent — mais l’argent était là, en filigrane, évident.
Oui, les travailleureuses du sexe bossent pour l’argent. Qui ne le ferait pas ?
Mais ce qui frappe, c’est à quel point les clients semblent parfois l’oublier.
Comme si ce simple échange monnayé donnait tous les droits.
Comme si la personne en face n’était plus que “la pute” qu’on a payée, donc qu’on possède un instant.
Parler clients, plateformes et précarité dans le travail du sexe
On a ri, beaucoup.
100 % des TDS présent·es ont raconté leurs galères avec les clients, leurs luttes avec des plateformes comme Pornhub, les conséquences financières concrètes que cela engendre.
Mais on a surtout ri d’une complicité rare. D’une lucidité mordante.
Il y avait quelque chose de fort, de vrai. Une transparence.
Et même si je ne venais pas du même monde, même si je me sentais différente, je me suis sentie… reliée.
On s’est quittés avec des accolades.
Et j’ai senti qu’un lien s’était tissé, sans bruit, sans masque.
Tisser du lien là où on ne s’y attend pas
Je n’ai pas entendu les histoires de vie en détail. Mais j’ai ressenti leur poids.
Et surtout : j’ai ressenti leur force.
Celles et ceux que j’ai rencontrés hier sont trop souvent stigmatisé·es, oublié·es, jugé·es.
Alors qu’en réalité, ils et elles devraient être protégé·es, respecté·es, écouté·es, aimé·es.
Ce sont des personnes de résilience, de lucidité, et oui, d’utilité publique.
Je referai sans doute un article plus fouillé sur UTPSOSIE, cette asso qui gagne à être connue.
Mais pour aujourd’hui, je voulais simplement raconter ça.
Un instant simple, fort, partagé avec des inconnu·es qui m’ont touchée.
Et qui m’ont rappelé qu’on apprend toujours à regarder un peu plus large.
Informations pratiques
UTSOPI est l’Union des Travailleur·euses du Sexe.
info@utsopi.be
Rue d’Aerschot 208
1030 Schaerbeek